Zeus ?

2009

Texte et photographie


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« Des générations de chercheurs se sont interrogées, à juste titre, sur les origines onomastiques de la Suze : pourquoi le nom de cet objet d’étude à première vue si dérisoire - lequel renvoie même phonétiquement à son caractère périssable ou à son propre amenuisement - contenait-il, redistribuées, les quatre lettres du mot Zeus ?
Relevant des plus anciennes pratiques cabalistiques, l’anagramme vise toujours à tirer le Suprême de l’infime, le grand Tout du presque rien, le Spirituel du spiritueux. Dans son Éloge de la Kabbale, Borges parle de “cette idée prodigieuse d’un livre impénétrable à la contingence. S’il est vrai qu’au commencement était le Verbe et que l’Œuvre du Dieu s’appelle l’Ecriture, chaque mot, chaque lettre appartiennent à la nécessité : le Livre est un réseau infini à tout instant parcouru par le Sens; l’Esprit se confond avec la Lettre; le Secret (le Savoir, la Sagesse) est une lettre cachée, un mot tu : le Livre est un anagramme qui recèle cent mille milliard de fois le nom de Dieu”. Un discret écho de ces considérations vertigineuses nous semble résonner encore à propos de la Suze. »

René Slivowitz, « Pour une nouvelle herméneutique du Tétragramme sacré », Bulletin de Philologie Comparée de l’Institut de Louvain, Vol. LXXIX, 2006